Rutilant sobriquet.

Il y a de celà quelques lunes que je chéris l'idée de donner des sobriquets à quiconque a le bonheur de me rencontrer.

Aujourd'hui j'ai débattu avec véhémence le fait que j'étais le maître incontesté du donnage de p'tits surnoms plus-délicieux-à-l'oreille-les-uns-que-les-autres. Mon adversaire? Miche, la légende elle-même.

Révolté que je lui donne un nouveau surnom à chaque fois que l'on se croise depuis le début de notre relation fraternelle, il m'a brutalement menacé de me trouver un hétéronyme disgracieux. Je me suis empressé de le raisonner: il perdra toutes les batailles, donc la guerre.

Son choix s'est arrêté sur Gilbert. Fair enough comme disent les Zimbabwéens atteints de starbisme.

J'ai été dans l'obligation de sortir les big guns. "Miche de Miche de Miche..." articulais-je d'un ton grave. "Penses-y un peu, si tu veux gagner mon respect dans cette discipline, tu devras faire en sorte que tous tes amis, tous mes amis et nos parents m'appellent Gilbert. Et ce n'est que la première étape, tu devras ensuite me trouver de nouveaux surnoms à presque chaque jour. C'est sans conteste un travail de longue haleine." Pas encore entièrement convaincu, je voyais son oeil croche tilter. Je sentais le hamster faiblir.
"Enwoye Jean Bonneau, attaque-toi à quelque chose de possible... je sais pas moi... L'équité salariale entre les sexes? La paix dans le monde? Gagner la 649 trois fois de suite? Avoir une blonde? (J'y allais bien sûr avec des défis de plus en plus difficiles. Il aime le défi.)"

Il acquiesça finalement d'un hochement de tête sur l'axe horizontal. La gorge probablement nouée d'avoir entendu tant de vérité en un si court laps de temps.
Nous nous sommes étreints virilement et sommes retournés vaquer à nos occupations respectives.