mardi 5 février 2008

Autobiographie. #1

Mais qui est donc ce Saperlipopette?

Il était une fois un couple qui s'était connu sur le tard. Ce soir là, ils eurent la meilleure idée de toute leur vie: se faire férocement l’amour et tenter de donner vie à une autre de ces trop nombreuses créatures aux fonctions cérébrales limitées qui ne gagneront jamais de prix Nobel… (huh… non!) donner vie à une innocence, à une nouvelle chance (ouais!). Après avoir épuisé les (pro)positions du Kama Sutra, ils dormirent doigts croisés (pour lui) et en chandelle (pour elle) en espérant qu’un soldat de l’infanterie paternelle se livre à son tour à des ébats, quoique moins charnels, avec un œuf maternel bien plus précieux que ceux de cette émission où détenteurs de dentiers agitent bêtement des pancartes…

Les médecins, qui avaient d’abord cru à des jumeaux, supposaient qu’ils avaient rassuré la future maman en lui annonçant qu’elle n’aurait à offrir sa poitrine qu’à un seul bambin. Elle était terrorisée, et avec raison. En tant que maman, je préfèrerais me "faire lousser" par deux petites frimousses plutôt qu’une gigantesque accablée de la bosse des maths. Parfois, on ne choisit pas. Ça fait de biens meilleures histoires à raconter.

C’est donc un peu plus de neuf mois et demi après cette nuit torride que, bien mieux membrée du nombril que de son organe vital sous-équatorien, la créature rose poussait ses premières lamentations. À 10 lbs, le mioche aura fait suer sa génitrice dans sa quête vers la lumière, déchirure en sus. Quelques plis cutanés supplémentaires, de l’énergie à revendre, une santé de béton et un futur brillant venaient en options. Pourquoi pas? Ils achetèrent.

Les parents doutèrent longuement qu’un jour cette boule de suif, nourrie de façon toute naturiste naturelle par deux (parce que c’est mieux) généreux réservoirs laitiers fort douillets pour un bébé surmené, puisse marcher d’elle-même. C’était un bébé "en santé" comme y disent. À peine capable de tituber par lui-même, le nourrisson s’attaquait à sa première passion: le hockey. Des heures à jouer avec une crosse et un palet autant dans la ruelle que dans son sous-sol de la rue Henri-Julien à Montréal. Parce que oui, je suis un Montréalais de source. S’esclaffant devant les maladresses de son père qui se cognait le crâne sur le bas plafond dudit sous-sol, plis et replis¹ se développait un slap shot du tonnerre ainsi que des feintes magistrales à faire rêver les rêveurs qui rêvent à ce genre de trucs-là. Roi du hockey de sa ruelle dès le bas âge, ce n’est pas demain la veille qu’on allait le détrôner. Étonnamment, le marmot n’avait que faire des joutes télévisées des Canayens de Monrial. Il préférait collectionner des cartes de joueurs de toutes les équipes de la Ligue dont les défunts Whalers de Hartford, Jets de Winnipeg ainsi que les Nordiques de Québec. Un cartable bien garni gît aujourd’hui dans sa garde-robe.

À la petite école, il savait se faire remarquer. En plus d’exceller dans les sports, dans les jeux vidéos (Mimi la fourmi et Mario Bros. sur Commodore 64) ainsi que dans sa formation académique, il était la proie de ces dames. Dames qui, lors des récréations, tentaient souvent de l’attraper de force pour lui offrir de doux baisers. En première année, il fit un dur constat. Les fillettes noires sont très rapides sur leurs pattes. C’est ainsi qu’il reçu ce qui serait pour le restant de ses jours, son premier baiser… forcé. Expérience qui se multiplia quelques instants plus tard quand les autres fillettes profitèrent du moment de stupéfaction pour l’isoler, l’immobiliser et l’abuser. Premier traumatisme causé par la gent féminine. Plus jamais, se dit-il.

Les mois passèrent et entre deux courses frénétiques pour échapper aux carnassières dans la cour de récré, une camarade de classe nommée Cléo s’était donnée pour mission d’attraper le petit homme pendant l’absence momentanée de la professeure. Sa mission était simple: elle déposerait (au moins) un coquet baiser sur n’importe quelle partie de son épiderme. Et à en juger par son regard déterminé, elle irait jusqu’au bout coûte que coûte. Une course endiablée et une chute du haut d’une table (escaladée en guise de raccourci) plus tard, elle se fracturait le nez. Deuxième traumatisme au féminin. Il était mignon, espiègle, attendrissant, habile, apprécié de ses pairs et ne voulait absolument rien savoir des filles (ouark caca!). S’en remettra-t-il un jour?

À environ 8 ans, il vécut un autre traumatisme: il quittait Montréal pour l’Île Jésus. Il troquait popularité pour anonymat, métro pour calèche, CO² pour méthane, ruelle pour piscine creusée, trottoirs et parkings pour verdure et pollen, chats de gouttières pour lynx, pigeons pour harfangs des neiges, diversité ethnique et chauffeurs de taxis pour ‘tits vieux à marchettes et ticounes à casquettes, Marché Jean-Talon pour kiosque à blé d’inde, Vieux-Port pour Marina crasseuse, Jardin Botanique pour…, Stade Olympique pour …, Mont-Royal pour… Heureusement, dorénavant il avait la Récréathèque! Bref, il se faisait enfiler par la vie. À 8 ans seulement, il savait mieux que quiconque que c’était le pire deal de tous les temps.

Dur coup pour le petit bonhomme. Son intégration à Laval ne fut pas si simple. Ses amis Paolo, Ralph, Jeff étaient maintenant remplacés par des Rémi, Simon, Étienne... Aussi bon était-il au ballon chasseur, la popularité ne serait plus ce qu’elle avait été. À l’école, il continuait à péter des scores et à narguer les déjà petits nerds qui allaient plus tard devenir mathématiciens, ingénieurs, biologistes, etc. Abandonnant baseball et hockey pour soccer et tennis, il se noyait lentement mais sûrement dans un trop plein de changements. Lui qui n’avait encore jamais eu le temps de prendre du recul et de réfléchir à la vie, à son futur, il se heurta à un mur à 11 ans alors qu’il ne s’était jamais senti aussi seul. Intégration à la philosophie en bas âge.

¹Plis et replis étant le surnom que mes ancêtres m’avaient donné alors que j’étais gros, les temps ont changé.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Wow! Très beau...faudra faire publier ça! Donc, tu as déja été plus gros que tu l'es là,dont à ta naissance? C'est bon à savoir que ton frame a tout de même un potentiel de plis...

Je la connais ta marina crasseuse, je sais exactement de quelle tu parles. Pré-adolescente, j'allais là avec mes ivrognes de parents qui devaient presque me laisser conduire en revenant...Quel choc tout de même l'exil en banlieue, je m'y connais trop.

Anonyme a dit…

Mont-Royal pour le boul. Lévesque....lol!!
Tellement trop à chier!!! Pouaaahh!

Choupette a dit…

wow..... t'as le talent d'un biographe toi!!!!!! Le jour où t'auras rien à faire, j,aurai ma vie à te livrer